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rieures à l’action dans laquelle elles sont enclavées, mais qui sont, en général, caractéristiques par leur bizarrerie même, qui nous fournissent d’amples lumières sur la théogonie et l’histoire poétique de l’Inde et dont il convient de rapporter les principales.

Celle du Kschattrya ou guerrier Paushya atteste la vénération profonde et l’incroyable docilité des monarques envers les brâhmanes et des religieux envers leurs gourous ou chefs spirituels. Il y a là des détails d’une naïveté et d’une crudité qui auraient fort diverti Voltaire, peu enclin à l’enthousiasme et très-porté à parodier les choses qu’il comprenait mal, surtout les œuvres étrangères et spécialement les traditions orientales. Que dire de l’ascète Upamanyou, que son maître accuse d’être trop gras, parce qu’il se nourrit du produit des aumônes, qui devient aveugle pour s’être permis de goûter à quelque fruit sauvage et qui, en récompense de ses austérités, recouvre la vue par l’intervention miraculeuse des deux Açwins, ces messagers et ces médecins célestes, qui répondent à la fois au Castor et au Pollux, au Mercure et à l’Esculape helléniques ? Que dire du pieux Outanka, mangeant par pénitence des excréments de taureaux, repoussant avec pudeur les avances des femmes du prêtre dont il est l’élève, mais s’en allant, pour obéir à l’une d’elles en tout ce qui ne blesse point l’honnêteté, demander à son intention les boucles d’oreilles de la femme du roi Paushya, se les voyant arracher, dès qu’il les a obtenues, par le roi des serpents Tatchaka déguisé en mendiant, descendant pour les reprendre jusqu’au fond du royaume des nagas ou reptiles, y découvrant toutes sortes de mystères et de merveilles, et en rapportant, après maintes épreuves, l’objet qui lui était demandé ? Il y a plus de grâce dans la légende de Rourou et de Pramadvarâ, dont on ne saurait contester l’analogie avec le mythe grec concernant Orphée et Eurydice. L’Apsara ou nymphe Ménaka, s’étant unie à Viçwâvasou, roi des Gandharvas ou musiciens du ciel, eut de lui une fille, qu’elle abandonna