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nairement désolé la Bactriane et le nord de l’Inde. Seulement rien ne prouve que le dénoûment en ait été conforme à celui de l’épopée, et la caste sacerdotale, qui positivement a tenu la plume pour la rédiger, y a probablement faussé ou interverti bien des faits et a pu en modifier la conclusion. C’est cette masse de tableaux et d’épisodes que les rhapsodes indiens sont arrivés, siècle par siècle, à distribuer en dix-huit chants, subdivisés en sections et en lectures, et au milieu desquels il est si facile de s’égarer si on n’est conduit, de se noyer si on n’est soutenu. Nous allons tâcher, en utilisant les travaux les plus récents, de présenter à nos lecteurs une image très-abrégée, mais suffisamment exacte, d’une des compositions les plus considérables et les plus singulières qu’ait jamais enfantées l’imagination humaine.


II


Le premier livre (Adi-Parva) est un des plus développés, et il a été, de la part de Wilkins et de Bopp, de MM. Th. Pavie, Franck, Eichhoff et Foucaux, l’objet de travaux sérieux et utiles. Il débute naturellement par des invocations multiples, par des prologues assez superflus, par des généalogies, plus compliquées encore que celles de la Bible, y compris la création des dieux eux-mêmes, qui sont au nombre de 36 333 ; il abonde en digressions et en répétitions sans ordre, sans art et sans fin, que nous épargnerons le plus possible au lecteur. Ces amplifications préliminaires et une table versifiée de tout l’ouvrage forment un total de treize cents vers, absolument, dénués d’intérêt. De plus, comme si l’auteur avait craint d’arriver trop vite à son véritable sujet, il en retarde l’exposition en racontant un grand nombre de légendes mythologiques, qui n’ont avec son plan que les rapports les plus indirects, qui se reproduisent plusieurs fois, qui sont souvent posté-