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naturels ou historiques. On comprend donc aisément que l’érudition contemporaine s’y soit reprise bien des fois pour aborder l’étude d’une composition si complexe et si formidable, et qu’on commence seulement, à l’heure qu’il est, à en découvrir l’ensemble et à en saisir les lignes principales.

Il y a près de cent ans déjà qu’un de ses plus importants épisodes, le Bhâgavad-Gîtâ, était traduit en anglais sur le texte même et publié à Londres, en 1785, par le savant Wilkins ; c’est la première publication sanscrite qui ait eu lieu en Europe. Deux années après, Parraud faisait paraître cet épisode en français à Paris, et nous en sommes encore à souhaiter l’apparition, chez nous, d’une version fidèle du poème entier. Et pourtant, dans cet intervalle d’un siècle, que de travaux successifs, que d’essais partiels ! Bien peu d’indianistes avaient eu le loisir ou la patience de déchiffrer les manuscrits originaux et surtout d’explorer l’œuvre totale. Néanmoins, dés 1808, Frédéric Schlegel, dans son excellent livre sur la Langue et la Sagesse des Indiens ; Hamilton, en 1819, dans ses Genealogies of the Hindus ; M. Lassen, dans ses Indische Alterthumskunde ; M. Antoine Troyer, dans les notes de sa version du Râdjâtarangînî ou Histoire des rois de Kachmir ; M. Muir, dans le premier tome de ses Original sanskrit texts on the origin and progress of the religion and institutions of India, et dans son recueil tout récent de maximes et sentences tirées du Mahâbhârata ; quelques autres également ont utilisé leurs lectures en tirant de cette vaste encyclopédie une foule de renseignements, essentiels pour la connaissance d’une des sociétés les plus antiques de l’Orient. Le texte n’en fut intégralement imprimé que de 1834 à 1839, par la Société asiatique du Bengale, à Calcutta, en quatre volumes in-4o, avec l’appendice de l’Hârivansa.

Un de nos érudits les plus éminents, Eugène Burnouf, consacrait, chaque semaine, une leçon supplémentaire de son cours au collège de France à l’examen de ce monument, aussi vénérable par son ancienneté qu’intéressant par son