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une bûches, ni plus ni moins, chacune d’une coudée de longueur ; on ne les allume que par Yarani, c’est-à-dire en frottant ensemble deux morceaux de bois sec.

On distingue trois espèces de jeûnes, plus sévères l’un que l’autre, dont le premier efface les petites fautes, dont le second rachète les crimes les plus graves, dont le troisième suffit pour élever l’homme au rang des dieux. Certains dévots ne vivaient que de laitage pendant quatre mois de suite, ou restaient trois semaines sans boire une seule goutte d’eau : rigueurs volontaires que, plus tard, les moines de la Thébaïde ont reproduites sans les dépasser. Mais, en revanche, les sacrifices étaient l’occasion de banquets somptueux et de magnifiques offrandes, faites aux prêtres, en or et en provisions, en génisses et en chevaux. La théologie du Sâma diffère encore sensiblement des préceptes du Brâhmanisme ; Çiva n’y figure pas plus que dans le Rig, à moins qu’il ne s’y cache sous les noms de Roudra ou d’Agni : Wishnou n’y apparaît qu’en passant, comme un frère d’Indra ; au lieu de Brahma, c’est Indra qui est le dieu suprême. Cependant, quoique le Sâma-Véda soit relativement assez ancien, on y reconnaît une inspiration religieuse, qui s’affaiblit de plus en plus et qui tend à s’emprisonner dans un système étroit de formules et de rites.

Ce caractère de bréviaire et de rituel est bien plus sensible encore dans l’Atharvana-Véda, compilation qui date du IVe ou du Ve siècle avant J.-C. La sanhitâ par laquelle il débute contient une vingtaine de livres d’hymnes, pris quelquefois dans le Yadjour et surtout dans le Rig. Ce sont moins des hommages, rendus aux divinités, que des requêtes individuelles et intéressées, présentées dans le but de recevoir des dieux tel ou tel bienfait ; souvent ce sont des formules de conjurations, d’exorcismes ou d’imprécations. L’intérêt capital de ce recueil réside dans ses Oupanischads, qui ont servi de base à la théologie de l’école orthodoxe dite Védânta. Ainsi, la poésie, la religion, la philosophie, aboutissaient