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Unissons-nous ensemble pendant le sacrifice, et, si tu y consens, tu auras de riches troupeaux et une grande postérité ; les souhaits que nous exprimerons en commun ne manqueront pas de se réaliser. » Manou s’unit donc à elle au milieu même du sacrifice ; il vécut avec elle, priant, jeûnant, désirant de nombreux descendants. Grâce à elle, il donna naissance à cette race, appelée encore maintenant la race de Manou.

À côté de ce mythe singulier, qui décrivait et attestait l’action puissante exercée par les eaux sur ce globe créé de la veille, le même Brâhmana pourrait nous fournir d’autres passages où, au contraire, les effets redoutables, produits par le feu sur notre planète naissante, ne sont pas moins vivement retracés. Nous nous bornerons à ces extraits du Yadjour blanc, et nous n’en donnerons même aucun du Yadjour noir, très-peu étudié jusqu’à présent, qui contient un assez grand nombre de prières souvent extravagantes et des préceptes dont la répétition est pleine de monotonie.


VI


Le Sâma-Véda (livre des chants), dont nous avons à parler maintenant, est écrit tout entier en vers ; les hymnes qu’il renferme dans sa première partie devaient toujours être chantés, et ils étaient ordinairement accompagnés de notations musicales, destinées à régler les inflexions de la voix et même la prononciation. La seconde partie se compose de plusieurs Brâhmanas, suivis de deux Oupanischads : le Kèna et le Tchandoguya. On y trouve de continuels éloges d’Agni, le feu primitif, ce symbole cosmogonique, dont on se rappelle les rapports avec le Jéhovah hébreu et surtout avec le Mithra persan ; des passages singuliers en l’honneur de Soma (l’esprit), dont le nom, en sanscrit ainsi qu’en français, a divers sens, et qui était tour à tour une plante, un nectar, la lune,