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Le Rig-Véda indique trois divisions de l’univers (l’air, le ciel et la terre) et cinq espèces d’êtres ; il montre les animaux produits par les éléments, l’Humanité issue d’une souche commune. Il ne fournit que des données assez confuses sur la vie future ; cependant cette vie future n’y offre point un caractère matériel. On y suppose non que l’homme vertueux était transporté, après sa mort, vers le centre de la terre ou dans quelque île reculée pour y continuer une existence analogue à celle qu’il avait menée ici-bas, mais bien qu’il allait au ciel goûter de pures jouissances. Les mortels parfaits formaient, sous le nom de sadyas, une classe de génies célestes ; ils buvaient l’amrita ou nectar éternel, et les étoiles passaient pour être l’auréole éclatante dont leur tête était environnée. Les Ribhavas, les Angiras, les Maroutas ne furent d’abord que des hommes divinisés, des prêtres célèbres par leurs talents ou leurs vertus. Le culte des pitris ou ancêtres était et est encore aujourd’hui sacré aux yeux des Indiens ; nul n’aurait manqué à ce culte domestique, qui engendra celui des mânes et des lares chez les Romains. Ces cérémonies, transmises de génération en génération, étaient destinées à faciliter aux aïeux l’accès des régions supérieures : les négliger, c’était presque se rendre coupable de parricide. Les premiers hymnes védiques ne mentionnent pas de peines pour les méchants ; leur corps retournait au néant. Mais des hymnes postérieurs font apparaître l’imposante et redoutable figure de Yama, roi des ancêtres, juge des morts, dieu de l’enfer, qui résume en lui le Saturne, le Pluton et le Minos des Grecs et des Latins ; il a pour assesseur Mrityou, le Thanatos des Hellènes et l’Orcus des Romains. Les sages des anciens jours, les poètes primitifs, appelés rishis, étaient (nous l’avons dit) des prophètes : on en comptait surtout sept, par allusion aux sept planètes et aux sept jours de la semaine. Chacun d’eux avait laissé une descendance, en qui se perpétuaient les traditions de la poésie et de la foi, comme chez les Homérides de l’Ionie ; on n’eut pas de peine à transformer en dieux ces