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elle visiter ? Celle qui va nous éclairer maintenant ne fait qu’imiter celles qui ont déjà lui pour nous et devancer celles qui luiront encore ; elle nous arrive, aussi éclatante que les autres. Ils ne sont plus, les humains qui jadis ont vu l’aurore étinceler comme elle le fait aujourd’hui ; c’est à notre tour de la voir à cette heure, et ils devront mourir aussi, ceux qui reverront plus tard l’aurore matinale !… À l’abri de la vieillesse et de la mort, elle s’avance, déployant toutes ses splendeurs ; elle en inonde les plages célestes. Déesse de la lumière, elle dissipe l’obscurité sinistre. Du haut de son char magnifique, conduit par des coursiers au poil rougeâtre, elle vient régénérer la nature !… Levez-vous ; un esprit nouveau recommence à nous animer ; l’ombre s’éloigne, le jour s’approche, l’aurore a frayé la route que le soleil doit suivre ; marchons vers la clarté, vers la vie !

Si le soleil et l’aurore sont représentés, dans les chants du Rig-Véda, avec les couleurs les plus brillantes et sous les formes les plus variées, les étoiles, au contraire, sauf la Grande-Ourse peut-être, n’y sont pas nettement désignées : la lune (Tchandra) n’y est indiquée qu’en passant et, de toutes les planètes, Vénus est la seule qui y figure, sous le nom d’Ousanas ou Soucra. En revanche, beaucoup de ces hymnes s’adressent aux Açwins, les deux jumeaux célestes, analogues aux Dioscures helléniques, qui personnifiaient les lueurs fugitives de l’aube matinale et les clartés crépusculaires du soir. Tantôt on les dépeignait comme des cavaliers rapides ; tantôt on les montrait emportés par un char à six chevaux et à cent roues ; tantôt ils semblaient fendre les nuages sur un vaisseau orné de cent gouvernails. Ils calmaient les flots : un naufragé n’avait qu’à atteindre leur char, qu’à toucher leur main pour être sauvé. De plus, ils connaissaient la vertu des plantes et guérissaient tous les maux.

De même que le spectacle de la lumière céleste avait donné naissance à plusieurs divinités, la vue des phénomènes atmosphériques en avait fait admettre également un grand nombre. À côté de cet Indra qui régnait sur les airs, à côté des