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jâb, en voyant briller dans les cieux les étoiles et le soleil, comparèrent ces feux aériens à celui qui brûlait dans leur foyer : celui-ci leur sembla une émanation de la flamme céleste, une étincelle des splendeurs d’en haut tombée sur la terre. Aussi mirent-ils le plus grand soin à entretenir ce feu domestique qui, en s’élevant au firmament, paraissait regagner les lieux d’où il était descendu. Agni devint le médiateur entre les deux mondes, l’ami, le guide, le protecteur de l’humanité : on le nourrit, on l’apaisa par de continuelles offrandes ; sa couleur, sa chaleur, ses langues ardentes dressées vers les nues, tout était personnifié, divinisé par les croyants. On faisait remonter jusqu’au premier homme, Manou, l’institution des sacrifices, parce qu’on lui attribuait la découverte du feu, produit en entre-choquant deux morceaux de sami (acacia suma) et d’aswattha (ficus religiosa). Agni symbolisait ce feu intérieur, que la physique ancienne supposait répandu au sein de tous les éléments et dans toutes les substances, et auquel la science moderne est revenue, avec ses différentes théories du calorique latent, du feu central et de l’électricité. Ces traditions primitives pénétrèrent partout où le courant de l’émigration porta les Aryens. Les Persans, qui, avec Zoroastre, firent tant d’emprunts aux doctrines védiques, adorèrent la Divinité sous les apparences de la flamme et, au lieu d’autels, construisirent en plein air des bûchers perpétuels. Les peuples pélasgiques adorèrent sous le nom d’Hestia ou de Vesta le feu sacré du foyer, la flamme perpétuelle de l’autel.

Indra, le Jupiter hindou, est quelquefois clément, et le Rig le compare à un pasteur qui retrouve avec amour sa brebis perdue ; mais il est le plus souvent redoutable. Surnommé sakra ou le puissant, il règne au haut du firmament ; il porte le tonnerre, il soulève les tempêtes, il bouleverse l’étendue des airs : il a déclaré la guerre aux génies funestes qui, en retenant les eaux captives au fond des cavernes, enlevaient à la terre sa fertilité. Tantôt il est la personnification de la voûte céleste ; tantôt il est l’être inaccessible et merveilleux