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Lorsqu’un père voit le visage d’un fils né et vivant, grâce à lui il paie sa dette ; grâce à lui, il devient immortel. Le plaisir qu’un fils cause à son père est plus grand que tous les plaisirs que peuvent donner la terre, le feu ou l’eau… Brâhmanes, essayez d’avoir un fils, et pour vous, sans nul doute, il représentera le monde entier. La nourriture nous soutient, le vêtement nous couvre, l’or nous pare, le bétail nous sert, notre femme est une amie, notre fille est un objet de soucis ; mais notre fils est la plus éclatante des lumières… L’existence n’est rien pour quiconque est sans fils… Qu’il est glorieux, qu’il est heureux, le sentier suivi par ceux qui ont des fils et pas d’inquiétudes ! Les animaux, les oiseaux le savent bien ; car tous ont des petits.

D’après les avis de Nârada, le roi demande un fils au dieu Varouna, en s’engageant à le lui sacrifier. Le dieu l’exauce et Hari-Tchandra voit naître de lui Rohita ; mais il lui en coûte de tenir sa parole, et le voilà qui discute avec Yarouna, en promettant successivement de lui immoler l’enfant quand il aura dix jours, quand ses dents lui viendront, quand elles tomberont, enfin quand il sera en âge de revêtir une armure. Cet âge arrivé, il faut obéir ; mais dès que le père parle de sacrifice à son fils, celui-ci, peu docile, saisit son arc et s’enfuit dans les bois, tandis que Varouna irrité punit le roi en le rendant hydropique. Sur le conseil d’Indra, Rohita erre six ans à travers les forêts ; il y rencontre un rishi, Ajîgarta, qui avait trois fils et que la faim tourmentait. En échange de cent vaches, il lui achète l’un d’eux, Sunahsépha, et l’amène à son père pour racheter sa propre vie ; Hari-Tchandra, charmé, s’apprête à sacrifier le jeune brahmane. Il avait près de lui ses quatre prêtres, entre autres Wiçwamitra ; mais on ne trouvait personne pour attacher la victime au poteau du sacrifice, personne pour la frapper : Ajîgarta, toujours affamé, consentit, moyennant le don de deux cents autres vaches, à se charger de cette mission. Alors Sunahsépha en appela aux dieux, et il récita plusieurs hymnes en leur honneur ; à mesure qu’il priait, ses chaînes tombaient, et l’hydropisie du roi diminuait de gravité. Sunahsépha, délivré par un miracle, devient le fils