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356 ÉTUDES SUR LA LITTÉRATURE SANSCRITE.

Quel idéal de passion ! Il varierait sans doute, selon le de- gré de latitude et les phases de la civilisation ; mais il n'en est pas moins retracé ici avec une rare justesse.

Les moyens qu'une femme a de révéler ses impressions sont les coups d'oeil furtifs, les mots gracieux, les lettres, les mes- sages. Les messagères les plus habituelles et les plus commo- des sont: une amie, une voisine, une servante, une sœur de lait, une actrice, une artiste en peinture ou en musique, une blanchisseuse, une religieuse errante, une coiffeuse. Quant au rival du héros, il sera d'ordinaire présomptueux, dissipé ou méchant ; tel est Râvana, le prince sanguinaire et anthropophage de l'île de Geylan, mis en contraste avec le noble et généreux Râma dans la célèbre épopée de Valmiki. Parmi les objets extérieurs qui contribuent à provoquer le sentiment ou à l'accroître, nos rhéteurs mentionnent les gestes, la vue de certains lieux, les rayons de la lune, l'huile de santal, le bourdonnement des abeilles, la voix du kokila ou coucou indien (emblème de l'amour), etc. Ils indiquent les huit principales marques de l'émotion : ta savoir, la surprise, la sueur qui ruisselle, les cheveux qui se dressent, les paroles mal articulées, le tremblement, la pâleur, les larmes, l'éva- nouissement. Ils énumèrent les passions dont la poésie peut s'occuper, principalement la poésie épique ou théâtrale. En dehors de l'amour, qui demeure la passion souveraine, ce seront : l'oubli de soi-même, l'égarement, l'abattement, la fatigue, l'ivresse,, l'étonnement, la sévérité, la distraction, le réveil, le rêve, la folie, l'arrogance, la mort, l'indolence, la résistance à toute opposition, l'assoupissement, la dissimula- tion, le désir, le désordre, l'inquiétude, le recueillement, la résolution, la langueur, la crainte, la honte, la joie, l'envie causée par la supériorité d'autrui, le découragement, la mo- dération, la légèreté, la faiblesse, le chagrin, la querelle; le toutéclairci par de perpétuels exemples. Enfin, 'Ramcharana, comme Viswanâtha, ramène le sentiment à huit genres: l'e- rotique, le comique, le pathétique, le sombre, le terrible, le

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