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appelle le Sâma-Véda. Les Hotris, durant le sacrifice, débitaient des hymnes en l’honneur de la divinité ta laquelle on l’offrait ; ces hymnes étaient empruntés au Rig-Véda, qu’ils étaient, par conséquent, forcés de posséder tout entier dans leur mémoire. Quant aux Brâhmanes, ils avaient la surintendance générale des choses saintes, et ils étaient chargés de surveiller, censurer et réprimer tous les abus ou toutes les erreurs en matière de religion. Si nous négligeons l’Atharvana-Véda, c’est qu’il est plus récent et qu’il ne semble pas avoir jamais fait partie de la liturgie officielle.

Le Rig était donc le plus antique et le plus vénéré des Védas, le régulateur des trois autres, la source pure où l’on pouvait puiser, sans péril pour l’orthodoxie ; ce qui n’empêche pas les morceaux qui le composent d’avoir un degré inégal d’antiquité. Quelques-uns ont pu être corrigés, arrangés ou même inventés à l’imitation des premiers ; mais on a de fortes raisons de croire que les plus modernes précédèrent encore l’an 800 avant J.-C, époque où la prose fait son apparition dans la collection védique. Les auteurs de ces morceaux y citent à chaque instant leurs pères, leurs grands-pères, leurs aïeux, qui, comme eux, étaient poètes lyriques, poètes sacrés, et ils en constatent ainsi la rédaction graduelle. Il est bien clair que les plus anciens sont ceux où la religion apparaît toute nue, sans symboles mystérieux, sans complications liturgiques. Vinrent ensuite ceux où il est question de formes réglementaires, de prescriptions minutieuses, de certaines offrandes ou de certaines cérémonies qui avaient été instituées par des générations plus enchaînées à la lettre des textes, moins sincèrement imbues de l’esprit primitif.

C’est alors spécialement que grandit le rôle des pourohitas : d’abord humbles desservants dans le palais des princes, puis leurs conseillers, leurs ministres, leurs ambassadeurs et quelquefois leurs maîtres ; hommes vertueux et instruits, qui finirent par abuser de leur autorité religieuse au profit de leur ambition. C’est alors qu’on voit les prêtres remercier haute-