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OUVRAGES DIDACTIQUES. 347

pui de ses théories, son commentateur Ramcharana allègue les traités de différents rhéteurs et surtout le Kâvya-Prakâsa, avec lequel il avoue être parfois en contradiction, bien qu'il reconnaisse modestement lui devoir la plupart des matériaux de ses gloses. Il cite aussi des poëmes traditionnels, des vers de sa façon et d'autres qui sont de son père : « ce grand ministre; cet amant de la nymphe aux quatorze dialectes (Saraswatî, la Muse indienne); ce chef des grands écrivains; ce vénérable Tchandra-Sékhara ; cet arbitre de la paix et de la guerre. » Ces derniers vers, mentionnés par Ramcharana, faisaient, sous une forme mythologique et passablement ma- niérée, un pompeux éloge du roi Bhanou-Dêva, dont Tchan- dra-Sékhara était à la fois le confident et le panégyriste. On sait que, dans l'Inde, jusqu'à nos jours, les princes et les hommes d'état ont très-fréquemment cultivé la poésie. Un tel passage prouve, sinon le mérite littéraire du ministre, du moins l'admiration filiale du rhéteur.

Le troisième chapitre est d'un plus grand intérêt pour nous et moins hérissé d'explications techniques; son étendue étant d'ailleurs plus considérable, nous le réduirons à ce qu'il con- tient d'essentiel : il est consacré au goût et à la passion, surtout sous le rapport de la poésie épique et dramatique. Puisque la poésie repose de préférence sur le sentiment, il est clair que le pathétique, le douloureux, le terrible, l'étrange, le hi- deux même, s'ils sont bien représentés, peuvent nous causer un plaisir véritable et nous arracher de douces larmes ; ce que le législateur classique du Parnasse français a bien voulu reconnaître dans son Art poétique, et ce que l'école roman- tique de notre époque a érigé en théorie, d'après la pratique de Lope de Vega et de Shakespeare, de Gœthe et de Schiller. Mais tous ne sont pas également touchés par le prestige et par la puissance de l'imagination ; aussi, comme le faisait remarquer, il y a bien des siècles, sur les bords du Gange, un certain auteur du nom de Dharmadatta, « ceux qui sont sensibles se laissent charmer par les tableaux <lu théâtre,

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