Page:Soupé - Études sur la littérature sanscrite.djvu/335

Cette page n’a pas encore été corrigée

POÈMES SECONDAIRES. 327

Elles ont donné lieu, il y a quelques années, entre deux érudits étrangers, à une polémique d'un assez grand intérêt et qu'il n'est pas hors de propos de résumer. En 1849, M. Wagener, professeur à l'université de Gand, avait fait un travail sur les rapports qui existent entre les apologues de l'Inde et ceux de la Grèce: ce travail fut récompensé par la faculté de philosophie de Bonn, soumis en 4852 à l'acadé- mie royale des sciences, lettres et beaux-arts de Belgique, inséré dans le 25 e volume de ses Mémoires et tiré à part en 4854. Dès l'année suivante, M. Weher, le célèbre philologue prussien, s'empressa d'en combattre les conclusions dans une dissertation en règle. Déjà Wilson et M. Loiseleur-Deslongs- champs avaient remarqué entre les fables de ces deux na- tions des affinités singulières. M. Wagener, comparant une vingtaine de morceaux écrits dans l'une et l'autre langues, avança que le genre même était de création indienne ; M. Weber, à son tour, fit venir de la Grèce la plupart des fables de l'Inde. Le premier prétendit que les Indiens repoussaient toutes les innovations étrangères ; qu'ils voya- geaient peu ; que les Assyriens et les Perses seuls avaient dû porter leurs idées en Grèce ; enfin que la croyance à la métempsycose était extrêmement favorable au développement de l'apologue. Le second répondit que, si les Indiens, à la ma- nière des Grecs eux-mêmes, appelaient les étrangers des bar- bares, ils les copièrent néanmoins bien souvent, (notamment quand ils empruntèrent aux races sémitiques leur alphabet et leur système des mansions de la lune), et que d'ailleurs le Bouddhisme était venu abolir toute distinction entre les castes et les nationalités différentes. Il ajouta que la date du Pantcha-Tantra était fort conjecturale, que les épisodes dont il se compose doivent y avoir été enclavés à des époques successives et que, pour la métempsycose, elle fut adoptée par plus d'un peuple de l'antiquité. Rien d'étonnant, disait- il encore, à ce que, dans les fables grecques et dans celles de l'Inde, le lion, l'aigle, le serpent jouent un rôle semblable ;

�� �