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POÈMES SECONDAIRES. 325

que le style en est presque toujours figuré. Grâce à la croyance de la métempsycose, un tel genre devait naturelle- ment éclore en Orient et dans cette partie même de l'Orient. Les métamorphoses du divin Indra en oiseau ou en bélier à la façon du Jupiter hellénique, les relations intimes des vau- tours et des singes avec les dieux et les hommes exposées en divers endroits du Râmâyana, rentraient déjà dans ce cercle d'idées. Mais le recueil de fables le plus ancien que l'on connaisse chez les Indiens et sans doute ailleurs est le Pant- cha-Tantra (ou les Cinq leçons), divisé en autant de livres et dont le texte primitif, modifié par des additions considérables, ne saurait être fixé avec certitude. La rédaction actuelle pa- raît en avoir été faite dans le Dekkan, et ce qui lui donne un caractère particulier, c'est que le cadre y est toujours formé par une narration principale, à laquelle sont réunis, comme à un centre commun, les récits les plus divers. C'est une sorte de roman allégorique, politique et moral, qui retrace les aven- tures de Paramarta et autres personnages fabuleux, et où les interlocuteurs ordinaires sont deux chacals, réputés en Asie pour être des types de finesse, ainsi que le sont les renards en Europe. La tradition l'attribue d'ordinaire au brahmane Wishnou-Sarma,jqui est probablement le Pilpay ou Bidpaï des légendes; il l'aurait écrit pour l'instruction de trois jeunes princes, ses élèves ; mais l'existence de ce personnage est très-hypothétique.

Ce qui est moins douteux, c'est qu'au sixième siècle de notre ère, cet ouvrage fut traduit du sanscrit en pehlvi par le mage Burzouyeh, sur l'ordre de l'illustre roi Sassanide Khos- rou-Nouschirwan, qui régna de 53 î à 579, et mis plus tard en arabe sous le nom de Caliiah et Dimnah. MM. Benfey et Socin en ont découvert une version syriaque, faite, à ce qu'il paraît, d'après l'original sanscrit qui est aujourd'hui perdu et dont le Pantcha-Tantra ne serait lui-même qu'un remaniement. M. Carrière a traduit cette version syriaque en suivant le texte pehlvi, que le professeur Bickel a é ; té

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