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LE THEATRE INDIEN. 315

tendant la résolution du litige la demoiselle restera sous sa protection immédiate et sa surveillance intime ; variante in- génieuse du fameux apologue de l'Huître et les Plaideurs. VHâsyârnava attribué au pandit Djaggadîsa est une satire virulente et grossière contre la légèreté des brahmanes, la dépravation des princes, la faiblesse des ministres, l'ignorance des astrologues et des médecins. Pour ne pas être bien fine, l'ironie y est très-frappante: le roi Anayasindhou, après avoir fait un tour dans sa capitale, s'étonne d'y voir tout bouleversé. Eh quoi ? ce sont les gens de la populace et non pas les prêtres qui confectionnent les chaussures! Toutes les dames sont chastes et tous les maris sont constants! On respecte la vertu; on n'honore pas le vice! C'est à ne plus s'y reconnaître : c'est le monde renversé ! Il entre chez une dame galante: là sont réunis des personnages grotesques. Deux mendiants sivistes se querellent à propos des charmes de la belle ; un docteur guérit la colique, en appliquant au palais d'un patient une aiguille rougie au feu, et il lui crève un œil afin de lui éclaircir la vue. Le directeur de la police se frotte les mains, parce que la ville est remplie de voleurs; le général en chef revêt son armure et tire sa grande épée pour exterminer une sangsue : un devin, que quelqu'un consulte sur l'issue heureuse d'un voyage, lui répond par des calculs as- trologiques qui lui prédisent une mort certaine. Deux religieux discutent ensemble sur la théologie et soumettent leurs dou- tes ta un brahmane, qui leur raconte, d'un air fanfaron et passablement impie, que c'est lui qui a composé les Véclas, qu'il a escaladé le swarga ou paradis, qu'il a ri au nez de Brahmâ et du prophète Vrihaspati, qu'il a donné des coups de canne à Siva : audacieuses railleries, dignes de Voltaire, de Parny ou de Déranger.

Enfin le Côtouka-Sarvaswa était une sorte de revanche, prise par les défenseurs arriérés de la caste sacerdotale contre les souverains voluptueux et indociles qui avaient la prétention de vouloir secouer le joug antique des prêtres. Celte esquisse en

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