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LE THÉÂTRE INDIEN. 293

est fort rudoyé par sa compagne supposée, qui, au contraire, au moyen de ce travestissement, exprime à son aise sa flamme à Madayantikâ, de sorte que la fausse prétendue du frère s'évade en secret avec la sœur, dans le but de conclure un mariage, non moins improvisé que ceux qu'on a tant repro- chés aux héros de Plaute et de Térence, de Molière et de Regnard.

Au huitième acte, les fugitifs ont été surpris en route par la garde de la ville. Macaranda et son camarade ont dispersé les soldats, et tous deux ont été menés au roi qui a admiré leur courage. Pendant ce temps-là, Mâlatî, qui s'était ca- chée chez Càmandakî, est enlevée de nouveau par la prêtresse de Dourgâ, qui veut venger le meurtre d'Aghoraghanta. Mâ- dhava, ne retrouvant pas au retour celle qu'il adore, devient fou, comme Pourouravas au quatrième acte de Vîcramorvaa ou comme tant de personnages de nos opéras et de nos drames modernes : en compagnie de Macaranda, il erre sur les monts Vindhyas où siège Sàdâminî, magicienne et élève de Càmandakî, qui est pour lui une sorte de fée protectrice. Les deux étudiants, dont l'un cherche partout Mâlatî, dont l'autre a quitté sa Madayantikâ afin de suivre son ami, se livrent à une mélancolie que ne peuvent adoucir, ni les beautés d'une nature pittoresque, ni la vue des paons et des singes qui abondent autour d'eux, ni le spectacle original des amours grandioses des éléphants. Mâdhava, en délire, s'est évanoui jusqu'à quatre fois; au reste, sur la scène hindoue, les défaillances des femmes et même celles des hommes sont continuelles. Le fidèle Macaranda, le croyant mort, refuse de lui survivre et va s'élancer au fond d'un des précipices de la montagne, quand Sôdâminî lui ap- paraît à propos, le retient, lui apprend l'enlèvement de la jeune fille et lui promet son secours. Nous sommes en pleine féerie, et le style est quelquefois plus lyrique et plus élégiaque que dramatique. Càmandakî, Madayantikâ et Lavangika, la nourrice, la confidente et la sœur de lait de Mâlatî, désolées

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