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mitive. Herder, dans ses Idées pour la philosophie de l’histoire de l’Humanité, en déclara l’étude à peu près impossible. Il écrivait à un ami, à propos de la publication du drame de Sakountâla, ces lignes caractéristiques : « Ne souhaiteriez-vous pas, comme moi, qu’au lieu de ces interminables livres religieux des Védas, des Upavédas et des Upangas, on nous donnât les livres les plus utiles et les plus agréables de l’Inde, et spécialement leurs meilleures poésies en tout genre ? C’est par là que se révèlent le plus clairement l’esprit et le caractère d’un peuple, et je croirais volontiers que j’ai reçu des notions plus vraies et plus réelles sur la manière de penser des anciens Indiens par la lecture unique de cette Sakountâla que par tous leurs Oupnèkhats et leurs Bagavédams. » Le digne pasteur de Weimar ne fut pas prophète et, au moment même où il parlait, l’illustre William Jones, président des tribunaux du Bengale, constituait, nous l’avons dit, la Société asiatique de Calcutta. Dans l’introduction de sa version anglaise du Manâva-Dharma-Sâstra, ou recueil des lois de Manou, et dans plusieurs de ses mémoires, il inséra un certain nombre d’hymnes védiques ; le colonel Polier, sir Robert Chambers, s’en procurèrent des copies et en formèrent des collections. En 1802, notre brave et savant Anquetil-Duperron publia, à Strasbourg et à Paris, l’Oupnékhat, c’est-à-dire, comme l’indiquait ce titre passablement étrange : le Secret mystérieux, tiré du Rak-Beid, du Djedr-Beid, du Sam-Beid et de l’Athrban-Beid. Ce secret mystérieux était la réunion d’une cinquantaine d’Oupanischads, ou suppléments des quatre Védas, qui avaient été traduits de l’indien en persan, dès 1656, par les ordres de Dara Shakoh, frère d’Aureng-Zeb, et qu’Anquetil-Duperron avait, à son tour, traduits du persan en latin. Cette version, fort obscure et presque illisible, laissait entrevoir une bien faible partie des richesses de la théologie védique.

Thomas Colebrooke marcha d’un pas plus ferme dans la même route, lorsqu’en 1805 il fournit au huitième volume