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228 ÉTUDES SUR LA LITTÉRATURE SANSCRITE.

(ils de Pàndou, chantés dans le Mâhabhârata, appartenaient à la seconde ; Râma, le héros du Râmâyana, à la première. Le Raghuvansa ou la Famille de Raghou contient la liste versifiée de tous les princes solaires : c'était une des six épopées classiques du second ordre ; il a été traduit en grec par Dimitri Galanos (Athènes, 1850), en latin par Stenzler (Londres, 1832) et en anglais (Calcutta, 1832). Il comprend dix-neuf chapitres et n'a guère plus de trois mille vers; il est écrit également en slokas ou distiques de trente-deux pieds. C'est un tableau poétique, à la fois vaste et rapide, dont nous n'indiquerons que les lignes principales.

Après l'invocation et l'exposition obligées, Kâlidàsa nous trace le portrait d'un des premiers fils de Manou, Dilîpa, roi de Kosala, un type de perfection royale. Sa femme Sudak- shina, aussi vertueuse que lui, l'accompagne auprès de l'ana- chorète Vasishtha ; car il leur manque un enfant et les prières de ce saint peuvent seules le leur procurer. Celui-ci explique au monarque les causes de la stérilité de Sudakshina: jadis il a outragé Surabhi, vache consacrée aux dieux, et cette vache l'a maudit; il ne peut racheter son crime qu'en hono- rant Nandini, fille de Surabhi, jeune génisse qui est au ser- vice de Vasishtha lui-même. Rien n'était plus profond que le respect des peuples gangétiques pour cet animal qui, dans la langue et la poésie indiennes, symbolisait la terre. Com- ment Dilîpa suit pas à pas la génisse sacrée, lui offrant une eau pure et des herbes parfumées, écartant d'elle les insec- tes, la caressant, la surveillant; comment il la défend contre un lion furieux qui n'est autre qu'un génie métamorphosé: c'est ce qu'il faut voir dans le texte même. Ce ne sont que prodiges, transformations, scènes de la plus bizarre supers- tition encadrées dans les plus frais paysages. Le merveilleux qui chez les autres poètes n'est qu'un agréable ornement, un brillant accessoire, constitue le fond et la base des épopées sanscrites.

Une telle charité porte ses fruits : un enfant miraculeux

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