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210 ÉTUDES SUR LA LITTÉRATURE SANSCRITE.

Afin de triompher d'un soupçon si injuste, Sità n'hésite pas ; elle enjoint à Lakshmana, ce beau-frère qui l'estime tant, d'allumer un bûcher; elle s'y précipitera et, avec l'aide du ciel, elle eii traversera impunément les flammes. C'était, selon les préjugés des Hindous, une épreuve infaillible pour faire éclater la vertu indignement calomniée. Devant une multitude immense qui se lamente et frémit de terreur, or- née de joyaux, le front et le regard calmes, elle invoque humblement Agni et s'élance dans le feu ; aussitôt le feu lui- même personnifié, le divin Agni, la presse sur son sein, la préserve de toute atteinte et proclame hautement son inalté- rable pureté. En même temps les dieux apparaissent, et Indra découvre'à Ràma interdit qu'il n'est autre qu'une incarnation de Wishnou. Dacaratha se manifeste également à lui; quoi- qu'il siège au Paradis, le vieux monarque n'y est pas par- faitement heureux, étant privé de son fils, et il envie ceux qui vivent près de lui sur la terre; il bénit et Ràma, et Laksh- mana, et la belle Sità, si merveilleusement justifiée. Le héros reconnaissant demande à Indra toutes sortes de récompenses pour ses courageux auxiliaires : les ours et les singes, tués dans les dernières batailles, ressuscitent à leur tour, et on leur distribue en cadeau des pierreries magnifiques. Mais Râma brûle du désir de revoir Ayodhyà, sa capitale, dont il a été si longtemps éloigné, et Bhàratha, ce vertueux fils de la coupable Kêkéyî; il monte sur Pouchpaka, ce chariot ma- gique qui se meut spontanément et qui avait appartenu à Râvana; il place à ses côtés dans cet équipage aérien, aussi vaste que commode, Sità, Lakshmana, le chef actuel de Lanka Vibhîshana, le roi des singes Sougrîva, Hanoûmat, Angada et bien d'autres. Traversant l'Inde a vol d'oiseau, il montre d'en haut à son épouse tous ces pays qu'ils ont visités depuis quatorze ans, les champs de bataille, les ermitages, les forêts saintes, où ils ont tant lutté, tant souffert. Il revoit aveo bonheur sa tendre mère Kàusalyâ, ses frères Bhàrata et Sa- trouhna qui lui rendent hommage à genoux, son précepteur

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