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LE RAMAYANA.

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��premier et le septième chant qui ont été singulièrement raccourcis parle traducteur; véritication faite, YAdi-Klicuula, à lui seul, a perdu sous ses ciseaux quinze cents slokas, rien moins que trois mille vers sur cinq mille sept cents; par bon- heur, les autres livres n'ont pas subi des suppressions pro- portionnelles. On pouvait aussi regretter que M. Fauche, dans la seconde édition destinée aux gens du monde, eût fait dis- paraître toute division de distiques, de chapitres et même de chants, et qu'une œuvre si importante et si compliquée fût privée de préface, d'introduclion et de notes. Il n'en fallait pas moins féliciter le courageux travailleur qui avait consacré tant de veilles à une entreprise si pénible et si ingrate.

En dépit des quarante-huit mille vers qu'il contient, des additions qui y ont été faites successivement, des remplis- sages et des digressions qu'on doit y signaler, le Râmâyana ne manque pas d'une certaine unité. Rama, le héros divin, écrasant les Ràkchasas et détruisant leur cité de Lanka, afin de leur reprendre son épouse Sità que leur roi lui a ravie : tel est le fond de ce long poëme, comme le sujet de {'Iliade est la vengeance de Ménélas et des autres Grecs contre la ville d'Ilion d'où Paris était sorti pour enlever Hélène, comme celui de Y Odyssée est le retour d'Ulysse arrachant Pénélope aux convoitises des prétendants. Les ressemblances entre ces trois épopées sont nombreuses, quant aux incidents, aux ca- ractères des personnages et à l'emploi du merveilleux; le Râmâyana offre également plus d'une analogie avec les lé- gendes Scandinaves. Mais ce qui le distingue des autres pro- ductions poétiques de tant de peuples, c'est ce cachet de moralité profonde, inhérent à la littérature sanscrite. Le principal acteur du drame, Ràma, est bien plus qu'un ver- tueux mortel, le modèle des fils et des époux, des parents et des princes, un sublime chevalier sans peur et sans reproche, un type de perfection dont les Marc-Aurèle et les saint Louis eux-mêmes n'ont pas approché : ce n'est rien moins qu'un dieu fait homme, la septième incarnation de Wishnou, des-

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