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sentiment qui, malgré son infériorité artistique, distinguent nettement la littérature sanscrite des chefs-d’œuvre les plus éminents de la poésie gréco-latine et qui provoquent involontairement la comparaison avec les conceptions où a passé le souffle chrétien. De là un caractère philosophique et moral qui, en dépit des amplifications et des redondances, des excès de pensées ou d’images, constitue la valeur essentielle du Mahâbhârata. Maintenant qu’il est un peu mieux connu, grâce à tant d’interprètes aussi habiles que laborieux, il n’est plus permis d’en faire abstraction dans l’histoire intellectuelle de l’Humanité ; car il fournit un des témoignages, les plus étranges et les plus confus, mais les plus exacts et les plus expressifs, qu’il nous soit donné de consulter sur une race privilégiée dont tous les peuples de l’Occident sont les fils ou les frères, sur une société et une civilisation dont les nôtres, plus que nous ne le croyons, ont conservé des traces ineffaçables.