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des Musulmans au VIIIe siècle en rendirent la route plus large et plus facile. Néanmoins l’Europe du moyen âge, si troublée et si confuse, ne perdit pas à scruter les périodes écoulées et les contrées inconnues un temps qui lui manquait souvent pour s’étudier et s’organiser elle-même. Les royaumes de Cathay et de Tonquin, les empires de Siam, de Cochinchine et du Japon, l’île de Taprobane se mêlaient pour elle dans une obscurité équivoque, et les bizarres récits de Marco Polo et de tant d’autres voyageurs téméraires n’étaient pas de nature à l’éclaircir. Sans doute les Chinois, les Persans et les Arabes en savaient plus long sur ce monde transgangétique, que le génie des Vasco de Gama et des Barthélémy Diaz, des Juan de Castro et des Albuquerque allait retrouver ; mais il n’était réservé qu’à une science tout à fait moderne d’exhumer de la poudre ces importantes révélations des Orientaux sur l’Orient.

Sans doute aussi, depuis trois cents ans, bien des Européens, ceux-ci entraînés par le zèle religieux, ceux-là séduits par l’appât du commerce, d’autres poussés par la curiosité seule, ont afflué dans les deux péninsules, sur les rives de l’Indus, au pied de l’Himalaya. Les descriptions spéciales de l’Inde, faites entre 1600 et 1800, en latin, en italien, en espagnol, en portugais, en hollandais, en flamand, en allemand, en anglais, en français, sont au nombre de près de quatre-vingts. Toutefois, si remarquables à tant de titres que fussent ces conquêtes et ces découvertes, elles avaient contribué faiblement à débrouiller le passé intellectuel et moral de la vieille société hindoue. Si l’on veut juger de l’état où se trouvaient à cet égard, au dernier siècle, les esprits les plus éclairés ou les plus hardis, il suffit de se souvenir de la manière dont Voltaire et l’abbé Banier, à des points de vue différents, interprétaient les mythes et les institutions du Brahmanisme.

Quoi qu’il en soit, dans la sphère de l’érudition pure, une grave révolution était imminente. La renaissance des lettres grecques et latines, essayée à plusieurs reprises, sous Charle-