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et majestueuse Gândhârî, cette autre Hécube, cent fois bles-sée au cœur, partage les angoisses de ses cent belles-filles, qui se sont vu chacune enlever un époux. Comme elle apostrophe éloquemment Douryôdhana, son premier-né, qui a été renversé par Bhîmaséna, comme un éléphant par un lion, et dont ses pieds, à elle, ont heurté le cadavre ! Comme elle nomme, comme elle pleure l’un après l’autre ses nombreux enfants, tous moissonnés par la main rude de la mort! Comme elle envie les Apsaras, ces nymphes du ciel, qui vont les recevoir entre leurs bras et jouir de leur beauté ! Drona, Salya, Bhîchma, tous ces chefs valeureux, comme elle les regrette, en proportion de leurs vertus et de leurs exploits ! Les bardes chantent des hymnes de deuil; on prépare les sacrifices, les ablutions, les parfums : on construit des bûchers, où s’accumulent les arcs, les piques, les timons de chars, les bannières déchirées et les héros sans vie; la flamme jaillit et dévore tout. Mais Gândhârî ne peut s’empêcher de maudire ce Krishna, dont le secours tout-puissant a amené la victoire des Pàndavas et la ruine des Couràvas, et cette malédiction d’une mère s’accomplira, même lancée contre un être divin.

IX

��Les quatre livres suivants (Saûli-Parva, Anouçasana-Pmra, Açwamêdha-Parva, Açraniavasika-Parva) présentent moins d’intérêt; et, pressés de courir vers un dénoùment si long- temps retardé, nous ne nous y arrêterons pas. Le Saûti- Parva ou Chant de consolation n’est qu’une ample digression de 25,200 vers sur les devoirs des princes, les bons effets de la libéralité et les moyens d’arriver au Nirvana ou délivrance finale de toutes les misères terrestres. Au milieu de son triomphe, l’aîné des fils de Pàndou, Youdhichthira, est sombre

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