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singes, et terminant par un triomphe solennel cette curieuse légende, égayée d’abord par ses rencontres allégoriques avec Ampélos, Pithos et Méthé.

À l’exemple de Bacchus, un autre fils de Jupiter, le héros macédonien, suivait hardiment ses traces : gagnant l’amitié de Taxile, égalant Porus en courage et en fierté, repoussant Agramne, admirant la sombre folie des Gymnosophistes, jetant çà et là les fondements de quelque Alexandrie nouvelle, faisant reconnaître par son amiral Néarque une partie des côtes du sud-est, il ne s’arrêta en face du dernier Océan que devant la lassitude de ses généraux ou la superstition de ses soldats, et revint expirer dans Babylone, ce centre futur de son empire universel, ayant ajouté à toutes ses gloires celle de s’être avancé plus qu’aucun autre mortel vers les bornes extrêmes de l’Orient. Un de ses moins indignes successeurs, Séleucus Nicator, envoyait à Sandracottus (le Tchandra-Goupta du théâtre indien) une ambassade qui est restée fameuse. Cependant, chez les historiens et les géographes de la Grèce comme chez les poètes de Rome, l’Imaüs, le Gange, l’Indus, l’Hydaspe, les Gangarides, les Sères et le royaume de Pandion n’offrirent guère aux imaginations qu’un tableau à demi-fantastique, où l’on entrevoyait vaguement des peuplades farouches, des animaux monstrueux et la nature la plus étrange.

On comprend qu’il fallut bien du temps avant que l’Inde pût être sérieusement explorée. Alexandre avait envahi le Pendjab, vaincu Porus et redescendu le Sindh jusqu’à son embouchure ; Séleucus Nicator avait noué des relations commerciales entre ses sujets et les Hindous ; les Lagides envoyaient dans ces parages des flottes qui revenaient chargées de denrées précieuses ; plus tard, ainsi que l’avait fait Auguste, les empereurs byzantins reçurent plusieurs ambassades indiennes. Au VIe siècle, le moine Cosmas, surnommé dès lors Indicopleustès, visita ces contrées lointaines et en rapporta le ver à soie, qui devait être pour tant de nations un puissant élément de travail et de richesse. Les invasions