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148 ÉTUDES SUR LA LITTÉRATURE SANSCRITE.

intime avec Dieu, l'absorption complète tle son individualité éphémère et misérable dans les gouffres insondables de l'in- fini : tel était le rêve du Yogui hindou ; telle est aussi la doctrine révélée par le divin Krishna à cet Ardjouna, qu'il aime si vivement et qu'il protège contre tous ses adversaires.

��VIII

��Nous voici plongés, je dirai presque submergés dans les récits d'une longue série de batailles, qui remplissent les chants VII, VIII et IX {Drona-Parva, Karna-Parva, Salya-Parva). Nous y retrouvons, sous d'autres noms, Priam et Nestor, Hector et Achille, Ajax et Ulysse ; mais les digressions homé- riques les plus longues sont des esquisses légères et concises à côté des innombrables tableaux, échappés à la palette gi- gantesque des rhapsodes indiens. De plus, l'intérêt y est fré- quemment affaibli par l'intervention des puissances surnatu- relles et par l'emploi trop exclusif d'armes enchantées : cet abus du merveilleux nous reporte aux fictions romanesques et poétiques de notre moyen âge. On comprend que nous ne pouvons qu'indiquer çà et là quelques traits de ces descrip- tions qui se suivent, se ressemblent et se répètent avec une inévitable monotonie. C'est un lieu, resté fameux jusqu'à nos jours dans les souvenirs de l'Inde, la plaine des" Courons (Kouroukchêlra), voisine de Dehli, qui servit de théâtre à ces terribles effusions de sang humain ; la mêlée dura dix-huit jours et n'était interrompue que par les larmes et les malé- dictions des vaincus. Les Couràvas subissent les pertes les plus graves; tour à tour succombent: leur aïeul Bhîchma ; leur précepteur militaire Drona, tué par trahison ; leurs amis et alliés, Karna, roi d'Anga, que l'invincible Ardjouna abat de son glaive, et Salya, roi de Madra, qui tombe sous les bras nerveux de Bhîmaséna. Les coups répondent aux coups, les

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