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LE MAUAB11ARATA. Ho

ser? Les yeux baignés de larmes, elle lui répond qu'elle honore tous les dieux, mais qu'elle n'aura d'autre époux que lui. On convient d'une transaction. Les quatre aspirants di- vins seront invités à la fête, comme tous les autres concur- rents, et, suivant la loi et l'usage, elle fera librement son choix. Au jour fixé, tous arrivent, y compris Indra, Agni, Varouna et Yama; mais, par un nouveau prodige, ils ont pris tous quatre les mêmes traits, ceux de Nala. Entre ces cinq personnages, tout à fait semblables, comment en distin- guer un? Tremblante, Damayantî invoque le ciel et demande aux immortels un signe qui lui permette de reconnaître celui qu'elle préfère à tous :

Témoins de ces vives supplications, de cet amour si profond, si vrai, si passionné, de tant de pureté et de sages&e, d'un culte si ardent pour Nala, les dieux exaucent sa prière et se manifestent à elle avec tous -leurs attributs. Aussitôt elle aperçut les quatre divinités, pures de toute sueur, l'œil fixe, couronnées de fraî- ches amarantes et debout sans toucher la terre, tandis qu'envi- ronné de ténèbres, le front ceint d'une couronne flétrie, couvert de poussière, Nala, les yeux agités, appuyait ses pieds sur le sol. Regardant les dieux et le héros, invariable en ses pensées, Damayantî abaissa ses regards charmants et timides et, touchant d'une main légère le manteau de Nala, elle enlace ses épaules d'une splendide guirlande; c'était le désigner comme époux. : « En vérité ! » s'écrièrent soudain tous les princes. « Très-bien ! très- bien ! » répondirent les dieux et les sages, abordant et félicitant Nala. Quant à lui, l'âme ravie de joie, il dit à sa fiancée en fré- missant d'émotion : « princesse, puisque, en présence des dieux, tu as daigné ainsi honorer un mortel, sache que ton époux n'écoutera jamais que ta voix; sache bien que, tant qu'un souffle de vie animera ce corps, je serai à toi, je te le jure ! »

Le reste de la légende est digne d'un si gracieux débul. Les quatre dieux, en s'éloignant, accordent aux deux fiancés des dons magiques : le mariage a lieu; Nala emmène Da- mayantî dans son royaume. Adoré de ses peuples, prodiguant les pieux sacrifices, il obtient d'une épouse chérie deux en- fants, un garçon et une fille, aussi beaux que le jour, aussi

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