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Parmi tous les élus se demandant entre eux
Du deuil de Sémida le secret douloureux,
L’âme la plus touchée et la plus attendrie,
C’était, sous les palmiers, Madeleine-Marie.
Un jour, elle se dit : « Il la consolerait.,
« Le cœur qui près du sien une fois pleurerait ! »
Et loin des chants sacrés, tendre et compatissante,
A force d’amitié, la sainte éblouissante
Reprit, comme au désert, des soupirs de douleur ;
Sa pitié sur son front fit monter la pâleur.
Abdiquant un moment l’auréole dorée,
Et le manteau royal d’amante préférée,
Elle chercha sa sœur, qui, la voyant ainsi,
L’aima d’un grand amour et lui dit : « Me voici ! »
Des mimosas discrets les rameaux les voilèrent ;
Puis en se regardant les saintes se parlèrent.


SÉMIDA.


Est-ce toi, Madeleine ? Oh ! ma sœur, est-ce toi ?
Il est donc une élue aussi triste que moi ?
Quand le céleste époux dans sa gloire t’appelle,
Je ne t’ai jamais vue et si douce et si belle :
Sans doute que mon œil était trop ébloui
Pour pouvoir t’admirer, comme il fait aujourd’hui !
Car aujourd’hui, de paix ta présence m’inonde !
Et mon cœur suit ton cœur comme l’onde suit, l’onde.


MADELEINE.


Je t’aime ! et, te voyant pleurer et défaillir,
J’ai senti de pitié mon âme tressaillir.
Si j’ai pris de ton front la tristesse, ô mon ange !
De mon sein amoureux prends la joie en échange.