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détails que dans l’ensemble de ses compositions [1]. Elle cherche à pénétrer plus profondément dans la signification intime des événements et des choses, à mieux comprendre la prière, à mieux sympathiser avec la douleur. L’avenir n’a pas assez de secrets pour sa rêverie ; le ciel étoile n’a pas assez de lueurs pour ses tableaux. Le génie des émotions lui apparaît environné de symboles. Sa pensée est plus contemplative, son style plus empreint des mélodies de l’âme et de l’univers. Partout le sentiment appelle la métaphore, partout l’expression se revêt et se colore de l’image : on dirait que tous les objets de la nature viennent s’unir dans ses chants à cette même parole dont ils sont autrefois sortis [2].

Quelquefois le sens métaphorique s’agrandit ; le schéma littéraire passe de l’expression dans quelques parties de la fable elle-même. L’Adamastor du Camoens, le myrte du fantôme d’Armide, le cyprès de

  1. Les grandes fables tragiques de l’antiquité ne perdent presque rien de leur intérêt, lorsqu’on les transporte sur notre théâtre, pourvu qu’on modifie puissamment l’expression des sentiments de leurs personnages.
  2. Il n’est pas besoin de dire que dans cette définition de la poésie, l’auteur de cet ouvrage ne songe nullement â lui-même, mais seulement à l’art ; il parle de la poésie moderne en général, telle qu’elle s’est révélée au génie des Jules Lefèvre, des Alfred de Vigny, des Alexandre Guiraud ; telle qu’elle nous apparaît dans les Méditations de Lamartine ou les Prismes de Rességuier, dans les Orientales de Victor Hugo ou les recueils d’Emile Deschamps.