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Au loin, de cieux en cieux, un ouragan bruire.
Aigle sombre, son vol bat la mer d« cristal,
Mais dans cet ouragan n’est point l’arrêt fatal.

Les chars guerriers, ainsi qu’à cette heure de crime
Où Satan des enfers creusait en lui l’abîme,
Par leurs noms de combat s’appellent à la fois ;
Mais le décret de Dieu n’est point dans cette voix.

Enfin l’ardent éclair, la colonne enflammée,
Où l’essence première habite renfermée,
S’ébranle, s’élargit, étend son vol de feu,
Et dans ce vol terrible est le décret de Dieu.
L’immensité pâlit aux flammes qu’il projette,
Et loin de ses rayons le. Ciel entier se jette.
Les plus puissants esprits, à ce feu redouté
Craignent de voir mourir leur immortalité.
L’éclair grandit toujours ; il a touché la sphère
Où flotte du chaos la brumeuse atmosphère ;
Le noir chaos recule, et son ange effrayé,
Cherchant les cieux d’un vol à demi foudroyé,
Fuit et laisse tomber la douteuse couronne
Dont son front lumineux dans la nuit s’environne.

L’éclair grandit toujours ; et le chaos fumant
En est enveloppé comme d’un vêtement.
Ce n’est plus la colombe, architecte des.mondes,
Qui lui soufflant six jours ses haleines fécondes,
Dans cet obscur berceau de la terre et des mers
En face du néant bâtissait l’univers.
Il brûle, il engloutit ces régions, vaine ombre,
Où n’est point descendu le compas ni le nombre ;