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Ta mère qui, jadis, sous ta croix prosternée,
Aujourd’hui sur ton front prie et souffre inclinée ;
Elle est là ; ses cheveux déroulent sur son fils
Leurs anneaux douloureux de sang appesantis.
Elle est là, dans son sein portant tes deux calvaires !
Payant d’un de ses pleurs tout le bonheur des mères ;
Descendant jusqu’à toi, de trépas en trépas,
Elle a cherché ton souffle, et tu lui dis tout bas :
— Mère ! ne pleure point, le salut m’environne ;
De la reine des cieux je double la couronne. —

Et Dieu laissait le ciel et l’enfer se chercher,
Et les deux infinis l’un vers l’autre marcher.

Et Lucifer adore, il adore, il s’écrie :
« Viens soulever mon vol, air pur de la patrie !
« Les voilà, les voilà, nos frères regrettés,
« Réfléchissant le ciel dans toutes leurs clartés !
« Oh ! les voilà suivant la lumineuse trace
« Qu’à travers le chaos fait rayonner la grâce !
« Avec mes yeux éteints, tous je les reconnais :
« Les jours vécus en Dieu ne changent pas les traits.
« Je n’avais oublié ni leur nom, ni leur gloire ;
« Le plus grand de mes maux n’était que ma mémoire !
« Éloïm, Édomir, Nephtoé, Raphaël !!!
« Ils nous tendent les bras… regarde, Idaméel.
« Mais les anges sur toi ne peuvent rien peut-être ?
« Il te faut regarder la femme pour renaître ;
« La voilà, dans sa fleur et dans sa majesté,
« Telle que la bénit l’éternelle beauté ;
« Telle qu’elle apparut, de longs malheurs suivie,
« Quand elle vint mourir sous l’arbre de la vie.