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« Qu’il a fallu de sang aux célestes blessures !
« Et toi, Caïn ! combien mon flanc dégénéré
« Te fit pour la révolte un cœur désespéré !
« Toi qui ne puisas pas, dans le sein de ta mère,
« Une goutte de lait qui ne te fût amère !
« Ta funeste massue, ô premier-né du mal,
« Fut faite d’un rameau de mon arbre fatal ;
« Et j’oubliais, mon fils, ton supplice de flamme !
« Marâtre dont les cieux avaient endurci l’âme,
« Je regardais en haut, tandis qu’inexpiés,
« Tous mes péchés souffrants se tordaient sous mes pieds.
« Quand je suivais l’élan de la sainte colombe,
« Mon ciel n’était qu’un dais étendu sur ta tombe.
« Viens dans mes bras, mon fils, viens, encor un effort !
« Monte vers nous, Caïn ; ton frère n’est pas mort !!
« Dieu le ressuscita, ce Dieu juge et victime,
« Lorsqu’au sein d’une vierge il épousa mon crime.
« Dieu le ressuscita ; viens renaître à ton tour,
« Monte avec le salut vers ta mère et le jour.
« Hâte-toi, mon enfant, au cri de ma prière.
« Si j’allais du tombeau voir retomber la pierre !!!
« Lève les yeux… c’est moi… fuis ce funèbre sol,
« L’étoile de mon front dirigera ton vol.
« Saisis mes voiles blancs qui flottent sur le gouffre,
« Viens sur mon cœur, brisant tous tes linceuls de soufre,
« Me pardonner l’enfer où tu servais sans moi,
« Me pardonner le ciel où je régnais sans toi !!! »

Ainsi parle Eve. ; . Adam et les anges attendent ;
Et tu montes toujours vers les mains qu’ils te tendent,
O Jésus ! et tes yeux ont rencontré toujours
Ta mère, devançant tous les autres amours ;