D’autres, dont la fureur aiguisait les morsures,
Noyant le sang du Christ au sang de leurs blessures,
Se déchiraient entre eux ; mais tous ont murmuré
De voir Idaméel, d’un orage entouré,
Porter plus haut encor sur son front immobile
De son rang triomphai l’orgueil indélébile,
Tel qu’un chef dédaigneux qui, du haut d’un rempart,
Pour aider ses soldats n’enverrait qu’un regard.
Dans les cieux cependant, comme une fiancée
Sous l’œil du prêtre même à l’autel délaissée ;
Comme dans une éclipse un beau cygne égaré ;
Comme un chant de rameurs dans l’orage expiré,
La prière se tait, et se couvrant de voiles,
Laisse tomber sa harpe et sa palme d’étoiles ; .
Et Sémida qui croit, dans son cœur effrayé,
Le rachat des enfers à ce prix trop payé,
Dit aux élus penchés vers sa douleur austère :
— Pourquoi dans votre Éden ai-je pleuré la terre ? —
Les fleurs du Paradis cherchant Christ leur orgueil,
Se referment ainsi que des âmes en deuil.
Et dans tous ses rayons, chaque soleil palpite
En prenant le pâleur de l’ange qui l’habite.
Mais que sont maintenant les pâleurs du saint lieu,
Près du front couronné de la mère de Dieu !!!
La voilà défaillante ; et chaque sainte femme
Soutenant, à genoux, le fardeau de son âme,
Pour tromper sa douleur, essaie un hymne encor
En effeuillant les lys blancs sur ses cheveux d’or.