Sur le lieu funéraire où manquait un autel.
O monarque martyr ! décapité célèbre !
Sésostris a sculpté ton monument funèbre ;
Pontife de la mort, de ses tombeaux lointains
Il t’envoie, à travers quatre mille ans éteints,
Un bloc cyclopéen pour marbre expiatoire ;
Et tu fais avec lui cet échange de gloire.
Ce granit te répond, vers ton ciel élancé,
D’un avenir de pleurs égal à son passé ;
Et ses signes, ses noms, splendeurs d’une poussière,
Néant superbe écrit sur des pages de pierre,
Se liront, épelés par l’ange du cercueil ;
Jamais plus grand trépas n’obtint un plus grand deuil.
Mais la croix infernale, avec effort taillée,
Gémit, et la victime attend agenouillée ;
On roule, sur ses reins, le fardeau rédempteur.
O croix ! sombre rocher, quelle est ta pesanteur !!!
Ton vieil hiéroglyphe et tes signes étranges
A toi, ce sont les noms des nations d’archanges
Qui donnèrent au mal sa couronne de roi ;
Effacés dans le ciel, ils sont gravés sur toi.
Ton vieil hiéroglyphe, et tes énigmes fortes,
Ce sont les noms maudits de tant de races mortes
Sur qui dans sa hideur le crime s’étala :
Livre que Josaphat, lettre à lettre, épela ;
Livre dont chaque signe est plus pesant qu’un monde !
Et que n’efface pas la sueur qui l’inonde ;
Et qui nous montre, ô Christ ! bien plus que toi brisés,.
L’ange et l’homme accroupis sur tes reins écrasés.
« Marche ! dit un démon, ton épaule a sa charge ;
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