Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/417

Cette page n’a pas encore été corrigée

Un langage muet pour tous les habitants
De la nuit, et que Dieu, du haut du trône austère,
Comprenait seul, penché vers l’abîme : mystère !!!
Et tandis qu’autour d’eux l’enfer vient s’amasser,
On entend sur leur front et gémir et passer
Deux voix qui s’unissaient dans des plaintes étranges.
L’une imprégnée encor de l’haleine des anges,
Descendait, répandant sur l’abîme profond
Les baumes d’un cœur pur qui s’embrase et se fond ;
L’autre, comme effrayée encor de la prière,
Plus triste que l’adieu de notre heure dernière,
Montait dans l’ombre ; et tous ignoraient quel accent
Dans l’accord solennel était le plus puissant.

Or ces deux voix priant, c’était (concert sublime !)
Sémida dans le ciel, Lucifer dans l’abîme ;
Qui, si loin l’un de l’autre et pourtant réunis,
Dans un même soupir joignaient deux infinis.


VOIX DE SÉMIDA, au Christ.


« Oh ! quand Idaméel de chaînes t’environne,
Lui seul est le captif, et le juge c’est toi.
Etends, pour le bénir, tes fers sur sa couronne,
Ton manteau de martyr sur sa pourpre de roi.


VOIX DE LUCIFER, à Idaméel.


De ta main de maudit c’est Dieu qu’il faut absoudre
Ou frapper ; lutte aveugle ! orgueil fallacieux ! .
Sur ses cheveux flottants tu balances la foudre,
Et ne t’aperçois pas qu’elle a brûlé tes yeux !


VOIX DE SÉMIDA, au Christ.


O doux palmier d’amour ! devant l’ouragan sombre