Sa laideur formidable ajoute à sa hauteur.
Comme son front rayé de coutures profondes,
Du soc de sa parole il labourait deux mondes.
Pensif, il gravissait sans nul chemin frayé,
Des jeunes libertés le mont si foudroyé !
Et pour une moisson haute de cent coudées,
Semait, sous leur volcan, le grain de ses idées.
Et déjà, d’une main faite à ces durs travaux,
De quinze siècles morts déracinant les os,
Élargissait de l’autre, au bruit de sa victoire,
L’orbite incalculée où vient tourner l’histoire.
La révolution, sur son char triomphant,
Mère soumise encore à ce terrible enfant,
Pour en faire jaillir un lait puissant comme elle,
Avec des cris d’amour lui livrait sa mamelle.
Son œil du siècle en marche illuminait l’élan.
Joignant, pour les lancer contre un monde croulant,
Le roc de la colère aux dards de l’ironie,
L’avenir, comme un temple, habitait son génie ;
Et de ce Dieu tonnant reconnaissant les lois,
Se suspendait lui-même aux foudres de sa voix.
Ainsi d’Idaméel la voix puissante tonne.
Plus vite qu’un rameau sous l’ouragan d’automne,
L’enfer s’est incliné : « Chefs, princes., rois du mal,
« Vous osez nier Dieu devant son seul rival !
« Vous osez nier Dieu, regardez où vous êtes :
« A travers l’infini son pied meurtrit vos têtes.
« Le chaos ne peut rien pour amorti]- ses coups,
« Il faut mon diadème entre sa foudre et vous.
« J’ai reconnu son fils ; il vient, royal otage,
« De son nom, parmi nous, égarer l’héritage.
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