Les peuples rassemblés près de leur souverain
Couvrent d’un voile noir les trois tables d’airain.
Leur chef leur apparaît tel qu’il s’est vu lui-même.
Les soupirs révoltés de ce roi du blasphème,
Sont compris de leur haine, et tous ont applaudi
Au colosse croulant, par sa chute grandi.
Comme on voit s’éveiller, quand tombe le tonnerre,
D’autres foudres dormant dans le sein de la terre,
Les mots brûlants, tombés sur leur cœur ténébreux,
En ont fait bouillonner les poisons sulfureux.
Loin d’eux les voluptés de leur fête vulgaire,
Chaque rameau se change en étendard de guerre ;
Ils veulent, loin d’un camp assiégé par le feu,
Transporter le combat sous les tentes de Dieu.
Ils veulent aujourd’hui qu’Idaméel achève
La lutte que Satan commença par un rêve ;
La lutte que l’orgueil dans les cieux enfanta,
Que le Très-Haut permit, et que Milton chanta.