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Je monte sur l’Arar, réprouvé solennel,
Pour pouvoir de plus près maudire l’Éternel ;
Et frappé sans retour, pour aller sur son faîte
Du haut de mon orgueil mesurer ma défaite.
M’appuyant contre un roc, sans jamais m’incliner,
Je regarde de loin la morte rayonner.
Les lions hérissés, à l’entour du roc chauve,
Viennent interroger mes yeux de leur œil fauve ;
Et déjà dans leur sang, comme moi refroidis,
Flairer leur propre mort sur mes pieds engourdis.
Les colombes en cercle au-dessus de ma tête,
Pressentant dans les airs la dernière tempête,
Me disaient : — Nos palmiers voudraient encor fleurir,
Idaméel, pourquoi nous laisses-tu mourir ? —
Et puis je les voyais, l’aile aux vents déployée,
Chercher d’un vol pieux la sainte foudroyée ;
Sur ce cœur, dont l’élan m’osa répudier,
Effeuiller doucement les fleurs de l’amandier,
Et couronner encor de lys et d’asphodèles
Ses cheveux ranimés sous le vent de leurs ailes.
Attendant son réveil, leur amoureux essaim
Pour l’écouter dormir se posa sur son sein.
Alors au fond des mers de longs frissons coururent,
Alors à mes regards trois anges apparurent :
L’un descendu des airs, l’autre monté des eaux,
Le troisième sorti des immenses rameaux
D’un cèdre dont le front divisait les nuages,
Et qui pour l’adorer inclinait ses ombrages.
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