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« Elle craint que les flots sous leurs jeux inconstants,
« Ne cachent son bonheur aux regards du printemps.
« Sur sa tige élastique un moment balancée,
« Se rapprochant du ciel ainsi qu’une pensée,
« Elle monte, elle monte, et ses brillants réseaux
« Émaillent, comme un champ, la surface des eaux.
« Elle aime à voir trembler, à l’heure des délices,
« L’image du soleil auprès de ses calices.
« Bien loin des profondeurs de l’humide élément,
« La triomphante fleur appelle son amant ;
« Et son amant alors, soumis à son prestige,
« Sans pouvoir à son tour se grandir sur sa tige,
« Tressaille et lui répond sous le flot ténébreux :
« Pour la faire descendre il est trop amoureux !
« Du sol qui le nourrit, il s’arrache lui-même ;
« Il apporte en montant sa vie à ce qu’il aime ;
« Et vient, sous un air bleu, par le même chemin,
« En regardant le ciel, mourir dans son hymen.
« Oh ! montez comme lui, si je vous semble belle.
« Ce n’est pas pour mourir que ma voix vous appelle !
« Votre génie encor près de moi grandira,
« Dans l’air que Dieu respire il s’épanouira.
« Là vous retrouverez votre haute puissance
« Sous le manteau royal de votre obéissance.
« Là, sous l’œil du Très-Haut, naîtront à vos clartés,
« Les mondes merveilleux par l’esprit enfantés :
« Là, je vivrai pour vous de tous vos dons parée ;
« Vous m’aimerez d’amour dans ma robe sacrée !
« Mais vaincre mon serment, non, tu ne peux l’oser ;
« Won, ton souffle éteindrait mon âme en un baiser ? »

« — Parie-moi, parle encore, ô bien-aimée ! ô femme !