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« Écrasant quelquefois le czar qui le conduit,
« Dotant son dur pays des délices du nôtre,
« Avançant chaque siècle un pied après un autre,
« Ainsi que le Danube il traverse le Rhin ;
« Son sillon d’esclavage est creusé dans l’airain.
« S’il se couche un moment sur le sol qu’il dérobe,
« Il prend, pour son sommeil, tout un côté du globe ;
« Et pour sortir vainqueur du funeste défi,
« Au monstre belliqueux cinq cents ans ont suffi.

« Et je le leur disais ; et sous mon trône en cendre
« Se perdit étouffé l’oracle de Cassandre.
« L’égalité pleura mon œuvre morte en fleur ;
« L’aigle noir sur ma France étendit sa couleur ! ..
« Roi, livre ton pouvoir à d’autres équilibres.
« Rends les hommes égaux, ils croiront être libres !
« Quand le feu primitif est par toi retrouvé,
« Fais plus pour l’univers que de l’avoir sauvé ! »

Il dit, et sans vouloir que ma voix lui réponde,
Remonta…. J’éprouvai ce qu’éprouvait le monde
Quand il changeait de forme à chacun de ses pas.
Je crus voir le fantôme emporter dans ses bras,
Pour en doter là-haut sa grandeur planétaire,
Tous les arcs triomphaux dont il sema la terre.
Ce sort voilé, ce nom, type des conquérants,
D’où la gloire coulait comme l’eau des torrents,
Me rendit plus profonds les abîmes de l’être ;
Et lorsque sous la nue il vint à disparaître,
Dans mon œil immobile il demeura sculpté,
Comme ces monuments faits pour l’éternité.