J’abandonnai l’Égypte et, voyageur ardent,
Je dirigeai mon vol vers le vieil Occident.
Je franchis ce grand lac maintenant solitaire,
Jeté comme une coupe au milieu de la terre,
Et dont jadis les arts et le savoir humain
Firent deux fois le tour, un flambeau dans la main.
J’abordai cette Europe en talents si féconde,
Dont la voix trois mille ans suffit au bruit du monde,
Et dont l’âme partout, se transformant en loi,
Volait, de peuple en peuple, aussi vite que moi.
Quel silence !!! Salut, fatidique Celtie !!!
Qui dans de froids marais si longtemps engloutie,
Sans avoir de leur ciel les brillantes douceurs,
Devins, comme Psyché, la reine de tes sœurs.
Salut !!… Du genre humain la ruche évanouie,
Bien loin de tes brouillards d’abord épanouie,
Regarda le soleil, choisit pour son séjour
Les climats préférés de cet astre du jour,
La zone où la nature embrasée, odorante,
Amassait à longs flots la vie exubérante.,
Dotait de plus de feux le sang de animaux,
Dressait du baobab les énormes rameaux,
Taillait les monts géants, et sur des plages neuves
Donnait aux éléphants la grandeur de ses fleuves.
Là, tout fier d’adorer l’air et la terre et l’eau,
L’homme, robuste enfant, jouait dans son berceau,
Et de l’Hymalaya descendu vers les plaines,
Des vents de l’équateur aspirait les haleines.
Et sa belle jeunesse, aux bords des flots dormants,
Demandait, pour jouir, sa force aux éléments ;
Et l’Asie était reine, et l’Europe ignorée
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