« Toute fleur peut éclore au pied du mont Arar.
« Ne laisse pas aller ainsi ta rêverie
« Plus loin que les ruisseaux qui baignent la prairie ;
« Et quand tous nos palmiers sont dans leur floraison,
« Ne quitte pas la paix de ce calme horizon.
« Que ta prière seule en passe la limite :
« La prière est un monde où l’âme sainte habite.
« Seule épouse gardée à l’époux immortel,
« Donne toute cette âme à son dernier autel ;
« Et restant dans la joie où le ciel t’a fait naître,
« Compatis au malheur, enfant, sans le connaître ;
« Offre, quand tout gémit, au père souverain,
« Pour reposer ses yeux la paix d’un front serein.
« A l’ombre des palmiers, tige toute fleurie,
« Exhale tes parfums comme un lys de Marie.
« Quand sous les flots vengeurs toute voix se taisait,
« Noé sur ce grand mont autrefois se posait :
« Et débordant du cœur de l’humble patriarche,
« Flottaient à son sommet les cantiques de l’arche.
« Chante et prie à ton tour, chrétienne Sémida,
« Le baptême a lavé la race de Juda.
« Servante du Seigneur, laisse faire ton maître.
« IL M’A DIT : — De ta fille un monde pourrait naître,
« Car son sein est fécond, puisque je l’ai béni !
« Mais que ses fruits d’amour germent pour l’infini.
« — Dans trois fois sept soleils, seule femme sans tache,
« Le père sur l’enfant accomplira sa tâche :
« Tu dois n’appartenir qu’au ciel qui nous entend ;
« L’arche est l’autel sacré qui sur l’Arar t’attend.
« Et toi, mon hôte, avant le jour de ia justice,
« Qu’au Dieu que nous servons ton cœur se convertisse,
« Et, lorsqu’autour de nous tout se change en cercueil,
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