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Veut que tous ses enfants soient en deuil de leur mère !
Quand sa décrépitude et sa stérilité
Glacent de nos hymens le lit épouvanté ;
Et que sa fin prochaine et partout déclarée,
Des éternels serments mesure la durée ;
Et que de l’arbre humain tous les rameaux souillés
Se penchent vers la mort, de leurs fruits dépouillés ;
Quand la femme sans fils, maudite en nos désastres,
Attriste encor le ciel qui regrette ses astres.
De l’amour !!! oui, pour toi… toi, belle comme Agar ;
Seconde arche laissée aux flancs du mont Arar ;
Peut-être de ce globe alors qu’elle s’exile,
La vie a pris ton cœur pour son dernier asile.

Et dans un seul regard mon sort se décida,
Et j’entendis alors me parler Sémida :
« Êtes-vous fils du ciel ou bien enfant de l’homme ?
« Étranger, dites-nous de quel nom l’on vous nomme,
« Dans le pays lointain d’où vous semblez venir !
« Votre cœur en conserve un profond souvenir,
« Car votre front est pâle et couvert d’un nuage.
« Avez-vous en pleurant fait tout votre voyage ?
« Avez-vous en pleurant, au désert de Seïr,
« Vu commencer le jour par qui tout doit finir ?
« La mort sur son coursier traverser nos campagnes,
« Ou la foudre du ciel niveler les montagnes ?
« Dites si mes oiseaux verront dans leurs doux nids,
« Avant la fin du monde éclore leurs petits ?
« Si je verrai grandir le duvet de leurs ailes,
« Et si mes hauts palmiers auront des fleurs nouvelles ?

« — Ma fille, répondit avant moi le vieillard,