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Une triple auréole au lieu de chevelure.

Au seuil de sa demeure ensuite il me guida.
« Celle qui vient à nous se nomme Sémida, »
Me dit-il, « c’est ma fille, et mon unique joie.
« — Béni soit l’étranger que le ciel nous envoie. »
Et mêlant ces doux mots à la brise du soir,
Sur trois peaux de lion l’enfant nous fit asseoir.
Des peuples d’Israël gardant les mœurs antiques,
Elle lava mes pieds…. L’épouse des cantiques
N’avait pas dans son cœur, au saint amour lié,
La pudeur de ce front à mes genoux plié :
Vision d’innocence où son âme se lève.
Son regard m’éblouit comme l’éclair d’un glaive,
Rayonnant à la fois si chaste et si brûlant,
Qu’on tremblait de bonheur, rien qu’en le contemplant.

Un miel que suspendaient aux joncs de ses corbeilles
Pour les derniers humains les dernières abeilles,
Fut placé devant moi sur des nattes de lin.
Ses lys germaient aux pieds du sauvage orphelin.
Douces, comme l’enfant, ses blanches tourterelles
Sur le front du maudit osaient ouvrir leurs ailes,
Et leur vol dispersait à l’entour de mes pas,
L’essaim des noirs esprits qu’elle ne voyait pas.
Et les grands léopards, l’antilope qu’elle aime,
Apprivoisés ainsi que je l’étais moi-même,
Venaient avec amour, de sa beauté captifs,
Effleurer ses pieds blancs de leurs baisers craintifs.

Fleur de virginité pour l’amour près d’éclore !
Dans mes ardentes nuits jamais nul rêve encore