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Osons renouveler ton larcin radieux,
Viens m’apprendre comment l’on peut voler les dieux !

Vain espoir ! mon génie encor dans son enfance,
Ne se grandissait pas jusques à cette offense.
Le bras d’un dieu cruel courbait vers son déclin
Ce globe abandonné, dans l’espace orphelin ;
Notre terre partout, à la tombe asservie,
Ne s’alimentait plus du fleuve de la vie.
Fleurs des prés, vos printemps étaient tous révolus ;
Sève du genre humain, tu ne circulais plus !

*


J’ai fui d’Éléphanta la caverne admirée.
Ma pirogue, le long de la rive Erythrée,
A vogué vers l’Indus, qu’un conquérant trompé
Prit jadis pour le Nil du Thibet échappé ;
Vers le bleuâtre Indus, fleuve embarrassé d’îles,
Où rayonne au matin le dos des crocodiles,
Et dont un bruit de foudre agite les roseaux,
Quand il heurte la mer avec ses larges eaux.
Là, j’aborde la terre, et par la Gédrosie
Je m’achemine vers l’occident de l’Asie.
Berceau du genre humain, que ton silence est grand !
Les chameaux ont cessé de traverser l’Iran.
Ce globe réprouvé, dont le trépas commence,
Conduit vers le néant sa caravane immense.
Sans essayer des chants pour son dernier concert,
Sans marquer d’oasis les haltes du désert,
Elle marche, traînant sous l’épaisse atmosphère
L’ennui des pas pesants qui lui restent à faire.