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Le gouffre de son âme est l’enfer qu’il habite : .
Mais il n’y règne pas. Source de châtiments,
C’est un autre infini rempli par ses tourments !

*


Un démon s’élevait entre les plus sinistres
De ceux que le monarque avait pris pour ministres :
C’était le sphinx, le sphinx multiple et colossal,
Du suzerain funèbre insidieux vassal ;
Perdu dans les détours de son oblique route,
L’emblème de l’énigme et le démon du doute ;
Et qu’autrefois l’abîme au gré de son désir,
Vomit à la lumière afin de l’obscurcir.
Quand l’Égypte oubliant ses splendeurs disparues,
Pour avoir plus de dieux dételait ses charrues,
Devant le temple immonde il eut sa part d’encens,
Monstre d’airain au seuil des monstres mugissants.
Des tombeaux de Luxor constante sentinelle,
Gardien de la mort, plus mystérieux qu’elle,
Il étonna le monde, et la Grèce mille ans
S’effraya des secrets qu’il couvait sous ses flancs.
Troubler le cœur de l’homme était sa seule étude ;
La foi sous son regard mourait d’incertitude ;
Et le soleil lui-même, en sa course arrêté,
Semblait en l’écoutant douter de sa clarté.
Il lutta contre OEdipe, autre funeste emblème,
Marqué d’obscurités comme le sphinx lui-même.
Dans les murs de Karnack, des dieux morts sous son œil
Il dorait la momie ou sculptait le cercueil.
Athée à triple forme, aigle, lion et femme,
Bronze qui palpitait sans se chercher une âme,