surnommé l’Aliense, qui vint tout enfant à Venise et y resta toute sa vie. Mais il eut surtout chez lui de jeunes artistes de Flandre : ce Paul le Flamand (Paolo Fiammingo), qui contribua aux peintures de la salle du Conseil, et Martin de Vos, tous deux aidant parfois Tintoret pour les paysages de ses tableaux ; puis Rottenhammer, de Munich, que Ridolfi confond avec les Flamands, en estropiant son nom.
Mais en dehors de son atelier et en dépit des résistances, ce génie devait subjuguer irrésistiblement, et son influence ne manqua pas de se faire sentir, chez ceux-là mômes qu’on lui opposait. Il suffit de regarder le Calvaire de Paul Véronèse au Louvre pour voir comment l’auteur tire parti de la disposition peu banale de la Crucifixion de S. Cassiano. Et il ne serait pas malaisé de montrer que Titien lui-même, après le fugitif passage de Tintoret dans son atelier, puis après ses travaux sensationnels, après la Madonna dell’Orto ou les premières peintures du Palais des Doges, ou plus tard encore, laissa pénétrer périodiquement dans ses propres tableaux quelque inquiétude provoquée par la manière de ce débutant casse-cou, devenu avec le temps un rival impétueux.
Dans la peinture espagnole, outre le Greco, Velasquez lui-même ne resta pas étranger à cette influence, dont se ressent surtout la sobriété opulente de son coloris. Il admirait fort Tintoret et s’occupa à Venise d’acquérir de ses œuvres pour le compte du Roi Philippe IV.
Les élèves flamands ou germaniques du maître tendaient