scandales et les cris ; mais s’il faut en venir là, je le ferai, et alors… Mais vous irez.
« La première menace de Guillaume contre mon père m’avait peu alarmée, mais le ton dont il proféra ses dernières paroles m’épouvanta véritablement. Je me contins et je lui dis :
« — Mon refus doit vous importer peu ; car vous pouvez être sûr que cette démarche, lors même que je la ferais, serait parfaitement inutile.
— C’est ce que nous verrons.
— Vous le voulez ? lui dis-je. Eh bien ! j’essayerai demain.
— Ce soir, vous ai-je dit.
— Ce soir, soit. J’irai tout à l’heure.
— Tout de suite… Mon Dieu ! j’ai mes raisons. Suivez-moi ; je vais vous accompagner jusqu’à l’appartement de votre père, et n’oubliez pas qu’il faut que vous réussissiez.
« Quoique je fusse convaincue de l’inutilité de mes efforts, je consentis à suivre mon mari, pour éviter à mon père cette scène dont il le menaçait. Je croyais que ma condescendance suffirait à l’exigence de Guillaume. Il me conduisit jusqu’à la porte de la chambre de mon père, et me fit signe d’entrer. IX
UN SERMENT POLITIQUE.
« J’obéis en tremblant à mon mari, et j’entrai dans la chambre de mon père. Mais j’en ressortis aussitôt.
« — Il est tout habillé sur son lit ! dis-je à Guillaume.
— Oh ! je le sais bien, me répondit-il.
— Mais il dort.
— Eh bien ! s’écria-t-il violemment, réveillez-le.
— Qui est là ? dit mon père en se levant.
« Mon mari me poussa dans la chambre, et je répondis :
« — C’est moi.
— Tu as bien tardé, Louise, et je craignais d’être forcé de partir sans te dire adieu.
— Quoi ! m’écriai-je, vous nous quittez sitôt ?
— Je ne veux pas rester sur le territoire de la France après que le roi l’a quitté. Je vais le rejoindre.
— Hélas ! mon père, lui dis-je, avez-vous bien songé à un pareil exil à votre âge ?
— Le roi est plus vieux que moi.
— Avez-vous pensé que vous me laissiez seule en France ?
— Seule, Louise, seule avec ton mari ; tu ne penses pas à ce que tu dis.
— Mais sait-il vos projets de départ ?
— Qu’importe ! il doit les approuver.
— Cependant, mon père, vous pourriez le consulter.
— Pourquoi ? pour faire mon