par la petite mendiante. Ne sachant que penser de ce silence, il s’était décidé à quitter Toulouse, comme nous l’avons dit ; sa place avait été retenue, par le notaire, à une diligence qu’Armand devait prendre à quelques lieues de la ville pour ne pas être soumis à l’inspection des agents de police qui en surveillaient le départ. Tout était prêt, et il allait quitter la maison de la Périne, lorsqu’il vit accourir M. Barnet, à qui il avait déjà fait ses adieux.
— On vient de me faire avertir, lui dit le notaire, qu’une lettre pour vous était arrivée à mon adresse ; mais ce qu’il y a de singulier, c’est qu’on a refusé de me la remettre.
— D’où vient-elle ? demanda Luizzi.
— D’Orléans, dit le notaire.
— C’est celle que j’attends, repartit le baron, et il faut l’avoir à tout prix.
— Impossible, reprit Barnet ; il paraît que la lettre est chargée et ne peut être remise qu’à vous seul. Si monsieur de Luizzi était à Toulouse, m’a-t-on dit, nous la lui donnerions sur-le-champ, et il lui suffirait de venir la réclamer en personne.
— Ce serait dire que je suis venu en cette ville, et je ne le veux pas ; mais je puis vous avoir autorisé à retirer en mon nom toutes les lettres qui doivent m’arriver ici, et cette autorisation, je vais vous la donner.
— Elle dira tout aussi bien que vous-même votre présence à Toulouse, et ne sera peut-être pas suffisante, car j’ai présenté inutilement l’autorisation que vous m’avez donnée autrefois. Laissez cette lettre ou plutôt allez la chercher. Que vous importe qu’on sache que vous êtes venu ici, puisque vous n’y serez plus dans une heure ?
La lettre de madame de Cerny était d’autant plus importante pour le baron que probablement elle lui traçait la conduite qu’il avait à tenir, et ; qu’elle pouvait rendre inutile le mystère de son arrivée et de son départ ; il se décida donc à l’aller chercher. Toutefois il chargea Barnet de faire porter à une lieue ou deux en avant sur la route de Paris tout son bagage de voyageur, puis il se rendit au bureau de poste. Dès qu’il y fut entré et qu’il eut expliqué pourquoi il y venait, le commis le regarda d’un air tout étonné en lui disant :
— Ah ! vous êtes monsieur le baron de Luizzi ? Veuillez attendre un moment, je vais aller chercher la lettre que vous réclamez.
Le commis quitta le bureau, et Luizzi commençait à s’impatienter de ne pas le voir revenir, lorsque la porte s’ouvrit pour laisser entrer un commissaire de police assisté de deux gendarmes. Depuis son aventure à Orléans, le commissaire de police était devenu pour le baron ce qu’il est pour tant de gens, quelque