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avec hauteur, et je ne vous demande rien que de très-raisonnable en vous demandant mon argent.

— Très-bien, très-bien ! dit le notaire ; je vous aurai du papier sur toutes les places de l’Espagne, je ne vous demande que trois ou quatre jours pour cela. Faut-il les faire passer à votre ordre ?

— Non, je vous prie, au vôtre, et vous me les passerez en blanc ; il est inutile qu’on sache que ce papier est destiné à me servir personnellement.

— Pardieu ! fit le notaire, je réponds de vos fonds tant que je les ai dans les mains et je les verse pour cela en lieu de sûreté ; mais endosser une lettre de change quand j’aurai changé cet argent contre du papier, je ne le peux pas.

— Vous me connaissez assez pour savoir que je n’exercerai aucun recours contre vous.

— Vous, monsieur le baron, c’est possible ; mais les tiers porteurs à qui vous pourriez les passer…

— Ne suis-je pas tenu de rembourser avant vous, au contraire ?

— Oui, mais vous ne serez pas en France à l’époque des échéances.

— Vous vous défiez donc des valeurs que vous me donnez ?

— Nullement. Je prendrai toutes les précautions possibles, mais on n’est sûr que de ce qu’on tient.

— Il doit cependant y avoir un moyen ?

— Je ne vous propose pas de faire un endos sans garantie, ce serait déprécier un papier dont vous pouvez avoir besoin à tout instant ; mais vous n’avez qu’à me faire un acte de garantie contre remboursement, en me donnant autorisation d’hypothéquer une de vos propriétés pour rembourser en votre nom, et je ferai tout ce que vous voudrez.

Ce fut Luizzi qui fit tout ce que voulut le notaire, car à chaque pas il voyait se dresser un à un devant lui les obstacles qui naissent d’une mauvaise position, et, en homme qui veut en sortir à tout prix, il jetait tout à la mer dans l’espoir d’échapper à l’orage. LIV

LES BONS MAGISTRATS.

Comme Barnet l’avait annoncé, il lui fallut près de quatre jours pour se procurer les sommes en or que lui avait demandées le baron. Cependant celui-ci était prêt à repartir pour Orléans ; il avait envoyé plusieurs fois à la poste pour savoir s’il n’était point arrivé de lettres à son adresse, et Barnet s’était chargé aussi de ce soin. Rien n’était venu. Armand s’étonnait de ne pas avoir des nouvelles de Léonie, selon la promesse qu’elle lui avait fait transmettre