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Monsieur.

— Je vous prie, dit vivement le baron, de ne pas leur prêter un sens qu’elles n’ont pas.

— Et quel sens aurais-je pu leur prêter, Monsieur, repartit la comtesse, si ce n’est que vous savez d’une façon certaine et particulière que cette liaison, dont tout le monde a parlé, n’a pas eu les conséquences coupables qu’on lui prête ?

— Croyez-vous beaucoup à ces conséquences coupables ? dit le baron en souriant.

La rougeur pourprée qui monta au visage de madame de Cerny, le regard interrogateur qu’elle attacha sur le baron, lui prouvèrent qu’il avait été trop loin. Léonie reprit :

— Et pourquoi voulez-vous que je ne croie pas à ces conséquences, Monsieur ?

Luizzi chercha à reculer et balbutia d’un ton embarrassé :

— Les sentiments de M. de Cerny, ses principes…

— Vous savez qu’en fait de principes de fidélité, M. de Cerny ne passe pas pour un modèle ?

— Sa position…

— Sa position admettait très-bien une liaison avec la fille du marquis de Vaucloix.

— Son amour pour vous…

— Nous n’avons jamais passé pour des époux bien passionnés.

— La vertu de madame de Carin, dont j’atteste la pureté…

— Tout cela n’est pas me répondre, Monsieur. Pourquoi pensez-vous que je n’aie pas dû croire à l’infidélité complète de M. de Cerny ?

Ce mot d’infidélité complète fit rire tout de bon le baron. Alors, se voyant pressé par des questions persévérantes et trouvant un mot qui pouvait servir de texte à une réponse équivoque, il dit en laissant échapper ses paroles le plus lentement possible :

— Une infidélité complète, dites-vous, c’est un crime d’amour, dont vous… vous ne pouvez croire M. de Cerny… capable.

Léonie semblait être au supplice, mais très-décidée aussi à arracher au baron une réponse catégorique, car elle reprit avec impatience :

— Eh ! pourquoi n’en puis-je croire M. de Cerny capable ? Voyons, Monsieur, vous qui avez l’art de tout dire, ne pouvez-vous trouver une périphrase convenable pour m’expliquer ce que vous avez à m’apprendre ?

— Ai-je donc quelque chose à vous apprendre ? et pourquoi me forcer à m’expliquer, repartit Luizzi d’un air suppliant, puisque vous m’avez si bien compris ?

— Moi ? fit madame de Cerny d’un air d’étonnement merveilleux ; je ne comprends rien, si ce n’est que vous avez des raisons que j’ignore de me cacher les motifs de votre conviction.

Le baron trouva la persistance de madame de Cerny si extraordinaire, qu’il voulut mettre fin à cette longue équivoque. Cependant, comme il aurait eu honte de blesser en quoi que ce fût une